King Kong Theorie

Ecrit par Virginie Despentes, un livre que chacun devrait lire. Sorti il y a peu en édition de poche, il est très accessible (prix peu élevé, textes passionnants)

Voici Quelques extraits:

"J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n’échangerais ma place contre aucune autre, parce qu’être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n’importe quelle autre affaire." "Parce que l’idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée, mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l’ai jamais croisée nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas."
« Il y a des hommes plutôt faits pour la cueillette, la décoration d’intérieur et les enfants au parc, et des femmes bâties pour aller trépaner le mammouth, faire du bruit et des embuscades »
"Dans les années 60, Camille Paglia se demandait pourquoi, à la fac, les garçons avaient le droit de rester toute la nuit dehors, alors que les filles ne doivent plus sortir après 22 heures. On lui a répondu que c’était une mesure de protection contre le viol. Alors, les étudiantes ont répondu : « Donnez-nous le droit de risquer d’être violées. » Ça m’a choquée d’abord, mais, ensuite, je me suis dit que le viol n’était pas quelque chose de personnel, mais un risque que toutes les femmes prennent, un prix à payer pour la liberté et l’autonomie. J’ai été violée et je ne suis pas morte. En revanche, comment vit-on après avoir été violée. Personne ne veut en parler."
« Quand vous devenez une fille publique, on vous tombe dessus de toutes parts, d’une façon particulière. Mais il ne faut pas s’en plaindre, c’est mal vu. Il faut avoir de l’humour, de la distance et les couilles bien accrochées, pour encaisser. Toutes ces discussions pour savoir si j’avais le droit de dire ce que je disais. Une femme. Mon sexe. Mon physique. Dans tous les articles, plutôt gentiment, d’ailleurs. Non, on ne décrit pas un auteur homme comme on le fait pour une femme. Personne n’a éprouvé le besoin d’écrire que Houellebecq était beau. S’il avait été une femme et qu’autant d’hommes aient aimé ses livres, ils auraient écrit qu’il était beau. Ou pas. Mais on aurait connu leurs sentiments sur la question. Et on aurait cherché, dans neuf articles sur dix, à lui régler son compte et à expliquer dans le détail ce qui faisait que cet homme était aussi malheureux, sexuellement. On lui aurait fait savoir que c’était sa faute, qu’il ne s’y prenait pas correctement, qu’il ne pouvait pas de plaindre de quoi que ce soit. On se serait foutu de lui au passage : non mais t’as vu ta gueule ? »


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